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Indépendance Nigeria

19 mai 2010

Suite de notre rubrique consacrée aux 50 ans des indépendances africaines, avec Nollywood, l'industrie cinématographique nigériane. Elle est née dans les années 1990, elle a aujourd'hui le vent en poupe.

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La production nigériane est financée par des particuliers, avec de petits budgets. Elle est dominée par la home-video. Les films sont tournés avec de petites caméras numériques dans les appartements d'amis ou de voisins, au son de l'indispensable générateur : il faut remédier comme on le peut aux fréquentes coupures d'électricité. Les productions ne sont pas toutes de grande qualité, mais elles arrivent malgré tout à rapporter de l'argent.

Skyline von Lagos , Nigeria
Lagos abrite la plupart des tournages de films nigériansImage : CC-by-sa-3.0

Plus de 2500 productions par an! Ce nombre de films (tous formats confondus) a fait du Nigéria la deuxième plus grosse industrie cinématographique au monde, juste derrière l'Inde et devant les Etats-Unis.

Selon Délé Thomas toutefois, la production de 2500 films par an est demesurée. Il est promoteur de spectacles et de films au Nigéria :

"Si vous vous préparez comme il se doit, il vous sera difficile de produire autant de films par an. Cela demande de l'engagement et des sacrifices."

Si les productions locales sont prisées par la plupart des Nigérians, certains sont plus sceptiques, comme en témoignent les propos de Taiwo Idowu, enseignant dans un collège de Lagos :

Les raisons qui me poussent à ne pas regarder les films nigérians concernent l'image négative que ces films donnent de notre pays à l'extérieur. On donne l'impression aux spectateurs de l'étranger que les Nigérians sont toujours à l'état primitif et que nous adorons jusqu'à ce jour nos fétiches, ce qui n'est pas vrai. Il y a autant de chrétiens que de musulmans. C'est la tendance vers l'animosité qui me déçoit le plus."

Rencontre avec Wasiu Tolani, sur son dernier tournage

Kanu auf Fluss Nigeria
La vie quotidienne des Nigérians, au centre des préoccupations des cinéastesImage : picture-alliance / Spectrum

Pour approfondir le sujet, place à un tournage de film, avec comme guide, le metteur en scène franco-nigérian Wasiu Tolani :

"Là, nous sommes dans un hôpital privé. Il y a une femme malade couchée sur le lit. Et dans la scène que nous tournons, il se trouve que le mari n'est pas encore informé de l'état de santé de son épouse. Evidemment, il est surpris de ce qui se passe. Sa fille lui explique comment ils en sont arrivés là...

- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez avant le tournage ?

Nous avons beaucoup de difficultés. Je prends l'exemple de ce film que nous sommes en train de tourner à l'hôpital. Il faut dire que les locaux de l'hôpital ont été preloués , parce que c'est une institution privée. Il y a des patients qui entrent inopinément pendant que nous tournons. Nous devons donc souvent nous interrompre. Vous avez aussi le problème du délestage : nous sommes obligés d'aller louer des groupes électrogènes. Et puis, il y a aussi le fait que nos acteurs vivent dans les endroits très éloignés du lieu de tournage.

- Vous tournez avec 2 petites caméras, pourquoi ce matériel?

- Vu la situation économique du Nigéria, il faut faire avec les moyens du bord. Les coûts de tournage sont élevés. C'est difficile, mais on fait avec.

- Que faites vous concernant la piraterie, vous qui êtes réalisateur et metteur en scène ?

- Nous faisons tout pour tourner dans le secret. Ça n'enraye pas la piraterie, mais ça amoindrit l'effet sur le recouvrement des fonds mis en place pour tourner le film.

Ecoutez ci-dessous le reportage d'Ishiaka Adegboye

Auteur : Ishiaka Adegboye
Edition : Carine Debrabandère