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Quelle politique de développement pour l'Allemagne ?

Anne Le Touzé / Sandrine Blanchard27 septembre 2009

A l’heure où la crise économique menace la prospérité des ménages, le développement des pays pauvres n’est pas vraiment une priorité pour les Allemands. La politique de développement : le parent pauvre de la campagne ?

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Lors de leur débat télévisé, les deux candidats n'ont pas abordé la questionImage : picture-alliance/ dpa

En 2005, la Grande coalition avait consacré trois pages à la politique de développement dans son traité d’alliance. Parmi les objectifs affichés, il y avait celui de consacrer 0,5% du Produit intérieur brut à l’aide aux pays pauvres et notamment africains, un point qui fait partie des Objectifs du Millénaire pour le développement. Quatre ans plus tard, le bilan est plutôt modeste. Et les programmes électoraux sont un bon miroir de l’intérêt que portent les partis aux questions de développement. Ainsi, les principaux partis abordent tous le sujet, mais la plupart le relèguent tout à la fin de leur programme, c’est le cas la CDU/CSU, du SPD et du FDP. Il n’y a guère que chez les Verts et Die Linke, le parti de la gauche radicale, que le développement occupe une place de choix. La manière d’aborder le sujet est également intéressante : les conservateurs, par exemple, mettent en avant l’importance d’une politique efficace pour « réduire la pression migratoire ». Les écologistes, eux, allient la problématique du climat à celle du développement.

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Action "stand up" pour appeler à la réalisation des OMD, le 17 octobre 2008

Les propositions des partis en matière de développement

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Angela Merkel plaide pour un appui ciblé, avec la participation des entreprises allemandesImage : picture-alliance/ dpa

Angela Merkel et son équipe veulent centrer la politique de développement sur la lutte contre la pauvreté. Ils proposent de concentrer l’aide sur des domaines où l’Allemagne est la plus à même d’apporter un appui efficace : par exemple, bonne gouvernance, éducation et formation, santé et développement rural. Les unions chrétiennes proposent d’impliquer davantage les entreprises allemandes dans ces projets. Le parti libéral FDP, allié potentiel de la CDU/CSU à l’issue des élections, met lui aussi l’accent sur la bonne gouvernance et sur la nécessité de concentrer l’aide aux pays qui en ont le plus besoin. Il plaide par ailleurs pour une meilleure cohérence de la politique allemande de développement.

Fortschreitende Wüstenbildung Trockenheit in Äthiopien
La sécheresse en Afrique, un problème globalImage : dpa

Les sociaux-démocrates placent l’Afrique au centre de leurs préoccupations. Mais contrairement à leurs adversaires, ils défendent une action menée au niveau international. Leur argument : le paludisme, le sida, ou la déforestation sont des problèmes globaux qui ne peuvent être vaincus que par une lutte coordonnée des Etats. Une approche qui rejoint un peu celle des Verts, qui je vous le disais, abordent la question sous un angle global. Les écologistes misent par ailleurs sur les nouvelles technologies et sur la société civile pour résoudre les problèmes de l’Afrique, notamment environnementaux.

Die Linke, enfin, veut relier la problématique du développement à celle de la prévention des conflits et du maintien de la paix. Mais le grand thème défendu par les radicaux de gauche, c’est la refonte des relations entre les pays du nord et ceux du sud.

Le commerce et les rapports Nord-Sud

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L'Organisation mondiale du commerceImage : AP

Le commerce est un thème essentiel directement en lien avec la problématique du développement. Die Linke, donc, mais aussi le SPD et les Verts, réclament noir sur blanc la suppression des subventions à l’agriculture dans les pays du Nord. La gauche radicale plaide aussi pour un renforcement des rapports sud-sud et souligne l’importance des femmes dans le développement économique. Les sociaux-démocrates proposent d’instaurer des standards sociaux et écologiques minimum dans les règles de l’Organisation mondiale du commerce. Et les Verts défendent le droit des pays qui sont en train de développer leurs industries, leur agriculture et leurs services de se protéger de la concurrence dans le domaine du commerce et des investissements.

Le FDP prône une libéralisation totale du commerce international, sans barrières douanières susceptibles d’entraver la libre concurrence entre les Etats. Un peu plus prudentes, les unions conservatrices plaident elles aussi pour la conclusion du cycle de Doha, mais en créant pour les pays en développement des conditions équitables pour participer au commerce mondial.

La question du financement absente dans certains programmes

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Utiliser les taxes sur la pollution pour financer l'aide au développementImage : AP

La plupart des partis affichent leur volonté d’atteindre les Objectifs du Millénaire en matière de développement. Le SPD, par exemple, veut consacrer dès l’année prochaine 0,5% du PIB à l’aide au développement, jusqu’à atteindre 0,7% en 2015. Pour financer ces objectifs, les sociaux-démocrates proposent d’utiliser une partie des recettes issues des certificats d’émissions polluantes. Une proposition formulée également par les Verts qui y ajoutent une taxe sur les billets d’avion comme instrument possible. Mais la question du financement est également intéressante là où elle n’est pas abordée : pas un mot, ainsi, dans les programmes de Die Linke, du FDP et de la CDU/CSU, sur la manière de financer les objectifs plus ou moins précis formulés dans leurs programmes.

Un Mémorandum pour appeler les candidats à faire mieux

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Si le plan Marshall n'avait été qu'une promesse non tenue, où en serait l'Allemagne aujourd'hui ?Image : PA/dpa

L’ONG German Watch, qui a évalué la politique de développement de l’Allemagne depuis les années 1980, a publié un Mémorandum à l’attention des candidats aux législatives. Et selon Ludger Reuke, spécialiste des questions de développement à German Watch, les objectifs affichés par les partis pour ces élections n’atteignent même pas le niveau de ceux formulés il y a près de 30 ans. La crise économique risque d’aggraver les choses. Sa conclusion : « Si le plan Marshall n’avait fait que des promesses, et versé seulement 10% de ce qui était prévu, l’Allemagne n’en serait pas là aujourd’hui ».