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Afropresse, l'Afrique à travers la presse allemande

Marie-Ange Pioerron, Fréjus Quenum5 juin 2009

Nous commençons par un pays dont les journaux allemands n'ont plus parlé depuis plusieurs semaines, c'est Madagascar.

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Andry RajoelinaImage : AP

Il y a eu beaucoup d'articles on s'en souvient, lorsque la crise politique a atteint son paroxysme. Entre-temps l'intérêt a fléchi. Mais deux mois après l'éviction du président Ravalomanana, deux reportages démontrent que la crise est loin d'être finie sur la Grande Ile. "Peur et pauvreté sur l'île" titre la Tageszeitung. L'enthousiasme suscité par l'arrivée au pouvoir du jeune Andry Rajoelina, écrit le journal, est retombé. La frustration grandit chez les pauvres. Le prix du riz, la denrée de base à Madagascar, augmente presque tous les jours. Dans le bidonville appelé "67 hectares", la farine coûte deux fois plus cher qu'il y a un an. Et sans doute va-t-elle encore augmenter, souligne le journal. Car dans leur tempête de protestation contre l'ex-président Ravalomanana, l'homme le plus riche de l'île, les manifestants ont détruit ses supermarchés. Ce qui n'a pas été volé a été confisqué par le gouvernement. Jusqu'à présent, note encore la TAZ, le nouveau gouvernement n'a publié aucun programme gouvernemental. Les entrepreneurs attendent. Beaucoup de travailleurs occasionnels, dans ce pays classé déjà parmi les plus pauvres du monde, sont donc sans emploi. La Berliner Zeitung relève elle aussi que la pauvreté et l'insécurité sont en hausse à Madagascar, alors que le tourisme est en chute libre. Aucune réserve naturelle, note par exemple le journal, n'est aussi centrale que celle d'Andasibe. Elle n'est qu'à trois heures de route d'Antananarive. Les amoureux de la nature peuvent y admirer onze espèces de lémuriens, C'est actuellement la pleine saison. Mais comme le note une employée de la réserve "au lieu des trois cents visiteurs que nous accueillons chaque jour en temps habituel, il n'en vient actuellement que deux ou trois." Air Madagascar, poursuit le journal, a suspendu au moins la moitié de ses vols. Les charters en provenance de France sont au mieux remplis à moitié. La peur et l'insécurité, souligne la Berliner Zeitung, planent tel un nuage paralysant sur cette île de 20 millions d'habitants. Personne ne sait ce que veut réellement Andry Rajoelina. L'indécision est sa marque distinctive.

Autre crise, celle que traverse le Niger depuis que le président Mamadou Tandja a annoncé son intention de faire modifier la constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat.

Aux yeux de la Tageszeitung, c'est une lutte de pouvoir destructrice qui menace à présent le Niger, Jusqu'au début des années 90, rappelle le journal, le pays a été une dictature militaire, puis a vécu des années d'instabilité avant que Mamadou Tandja, comme représentant de l'ancien parti unique, remporte en 1999 l'élection présidentielle. A 70 ans il dirige le pays avec un autoritarisme grandissant. Le nord du Niger est sous le coup de la loi martiale en raison des activités de la rébellion touarègue. Des opposants de renom sont régulièrement envoyés en prison, poursuit le journal qui insiste par ailleurs sur l'importance stratégique du Niger: c'est actuellement le principal pays de transit pour les migrants africains qui veulent gagner l'Europe via la Libye. Et c'est le premier fournisseur d'uranium pour l'industrie nucléaire française. L'extension de l'exploitation de l'uranium nigérien a provoqué entre firmes françaises et chinoises des rivalités que le président Tandja a exploitées pour obtenir des prix plus élevés. Depuis, ajoute la TAZ, Tandja se sent en position de force et veut aussi en profiter en politique intérieure. Mais les nouvelles tensions devraient faire peur aux investisseurs, La dernière lutte de pouvoir entre un président et d'autres institutions élues, rappelle le journal, a débouché en 1995 sur un coup d'Etat militaire.

La presse allemande,s'intéresse aussi au peuple le plus riche de l'Afrique du sud, le peuple des Bakofeng. Leur petit royaume veut se développer en prenant exemple sur Singapour.

Les Bakofeng, nous explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung, doivent leur fortune à trois facteurs: la chance, la persévérance et la clairvoyance. Ils sont littéralement assis depuis des siècles sur un trésor: le plus grand gisement de platine au monde. Et à l'inverse de beaucoup d'autres peuples noirs, ils ont réussi à s'assurer une part substantielle de ce trésor. Ceci grâce à un coup de poker réussi il y a plus de cent ans avec l'aide de missionnaires allemands. La "Royal Bakofeng Nation", comme s'appelle ce peuple sûr de lui, poursuit le journal, est ainsi devenu aujourd'hui un acteur important dans l'industrie minièrre sud-africaine et bénéficie d'une large indépendance financière. Grâce au platine par exemple les Bakofeng ont pu se permettre de construire, et de financer en majeure partie, leur propre stade pour la Coupe du monde de football en 2010. Ceci dit la crise économique mondiale n'épargne pas non plus les Bakofeng. Leur fortune se chiffrait l'an dernier à 40 milliards de rand. Entre-temps elle a fondu de près de moitié.

Enfin au chapitre protection de l'environnement, la presse se fait l'écho des très bonnes perfomances du Rwanda.

Les mille collines du Rwanda, lit-on dans la Tageszeitung, ont beaucoup perdu de leur verdure. L'érosion est un problème majeur dans ce petit pays qui connait de surcroit une très forte croissance démographique. Et pourtant le Rwanda n'a qu'une très faible empreinte écologique. Le Global Footprint Network la chiffre à 0,7, note le journal, la valeur idéale étant de 1,0 et la moyenne mondiale de 2,23 - ce qui signifie qu'il faudrait plus de deux planètes pour compenser la destruction actuelle de la nature. Quel est le secret du Rwanda, s'interroge le journal. Dans la bouche du président Kagamé, la réponse tient en un mot: la détermination. Une détermination qui se traduit sur le terrain par des programmes de reboisement et de confection de terrasses menés dans tout le pays. Selon l'agence rwandaise pour l'environnement, relève le journal, 80% du bois consommé au Rwanda proviennent déjà de plantations renouvelables.